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J’ai fini Nier et j’ai des choses à dire !

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On vit aujourd’hui dans une ère ultra-connecté. Personnellement, une page Twitter est toujours ouverte sur mon écran. Idem pour Senscritique et un site de news. Bonne évolution, mauvaise évolution, je ne sais pas, le fait est que quand on se lance dans une nouvelle aventure vidéoludique, il est difficile, si ce n’est impossible de ne pas connaitre les différents retours qu’il a reçu, que ce soit au niveau de la presse comme des joueurs. Si je ne peux les ignorer, j’essaye quand même de ne pas me laisser influencer, histoire d’avoir un avis qui m’est propre au final. Pour Nier, malheureusement, pendant une bonne partie de mon run, je n’ai pas su me détacher de ces fameux retours. Et puis au détour d’une conversation Skype, j’ai eu ces propos malheureux : « Mouais, c’est pas mal, mais ça n’a rien du chef d’œuvre annoncé ». Un raisonnement un peu bête illustrant bien mon état d’esprit en lançant Nier. Les retours des joueurs étaient tellement bons que j’attendais forcément un chef d’œuvre. Et puis, en réponse, on m’a un peu expliqué le statut de Nier.

Nier, c’est un titre sorti en 2010, une énorme année qui a aussi vu sortir Red Dead Redemption, Mass Effect 2, Fallout New Vegas, Super Mario Galaxy 2, Alan Wake, Darksiders, Lords of Shadow,… Ainsi difficile de se faufiler entre deux mastodontes. D’autant plus que la presse n’a absolument pas encensé le titre. Au final, c’est un jeu qui a gagné son statut culte surtout auprès des joueurs et pas forcément immédiatement. En gros : un jeu avec plein de défauts mais malgré tout marquant. Et pour finir de me convaincre, on m’a comparé le jeu avec Deadly Premonition. Un autre titre qui a acquis un certain statut culte malgré toutes ses absurdités, un titre que j’adore. Ceci dit : si un joueur se lance aujourd’hui dans Deadly Premonition en voyant les retours enjoués, il est tout à fait possible que son expérience finale soit déstabilisante.

Nier, c’est exactement pareil.

D’un point de vue purement technique, déjà, ce n’est pas la folie. Si la direction artistique, bien que volontairement classique est plutôt plaisante, le titre se dote quand même des graphismes assez daté même pour l’époque. On se retrouve face à un jeu plus proche d’une fin de gen PS2 ou début de gen PS3. Donc, c’est pas mal aliasé. Bon ceci dit, on s’habitue très vite, ce n’est pas spécialement honteux non plus.

Là où le titre m’a surpris par contre, c’est qu’en le lançant pour la première fois, je m’attendais à jouer à un action-RPG assez complexe. Je ne savais rien du jeu donc je m’imaginais d’avance un système de combat contraignant et du farm intensif pour monter de niveau. Eh bien pas du tout, que ce soit en bien et en mal, Nier est bien plus proche du beat’em all avec quelques petites composantes RPG très accessible.

Donc, là on va diviser le paragraphe en deux : pourquoi en « mal » ? Parce qu’en difficulté « normal », Nier est trop simple. C’est un jeu extrêmement bourrin mais pas bien passionnant quand on affronte des monstres lambda. Nous avons, grosso modo, deux types d’attaques : les attaques physiques avec notre arme où il suffit de marteler la touche appropriée et les attaques magiques, bien plus violentes, mais qui vident rapidement notre jauge de magie. Seulement, cette dite-jauge, remonte aussi relativement vite et il n’est pas impossible de s’acharner sur les ennemis avec ces attaques.

Le vrai souci donc, c’est que, même si on peut manier différents types d’armes et que le nombre d’attaques magiques disponibles est assez élevé, le jeu ne demande jamais au joueur de se diversifier. C’est simple, j’ai tout fait avec le même type d’arme du début à la fin et j’ai utilisé les deux mêmes attaques magiques tout du long. Ce souci vient aussi du fait que le bestiaire ne se renouvelle jamais. Il y a peut-être 4 types d’ennemis différents maximum que l’on croise vraiment régulièrement, et ils ne demandent pas spécialement de stratégies spécifiques pour être vaincus.

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La direction artistique est classique mais efficace. Ah et le mini-jeu de pêche est incompréhensible.

Alors, pourquoi tout n’est pas négatif ? Parce qu’au final, malgré les défauts évoqués ci-dessus, l’aventure est assez courte (15h pour voir la première fin et 5h de plus pour voir la seconde) pour ne pas devenir redondante. D’autant plus que j’ai l’impression qu’avec ce système très simpliste, les développeurs veulent aussi nous faire rapidement ressentir le sentiment de puissance du personnage qui détruit tout sur son passage sans se soucier de quoi que ce soit pour retrouver sa fille.

De plus, notre façon de jouer à beau rester la même, l’aventure réussie quand même l’exploit d’être variée. Un exploit, d’autant plus qu’on sent en jouant à Nier que le budget de développement n’a pas été très élevé. On le voit techniquement ou avec le peu de cinématiques mais aussi avec le fait de retraverser deux fois les 4-5 zones principales du jeu. Frustrant ? Eh bien pas tant que ça justement. Car Nier est un jeu qui enchaine les références à d’autres jeux. Shadow of the Colossus, The Legend of Zelda, Resident Evil… Si je ne comprends pas toujours le placement ou l’intérêt de ces références outre l’effet « clin d’œil », il faut admettre qu’ils dynamisent parfaitement l’aventure.

Lors de la traversée d’un manoir hanté, la caméra se placera dans des angles fixes pour nous empêcher de voir l’arrivé des ennemis ; dans un autre lieu, elle se place de façon isométrique type hack’n slash ; dans des courtes phases de plateformes le personnage se retrouve dans un plan en 2D, etc. On trouvera même des aventures textuelles étrangement agréables car simplement bien écrites.

Enfin, si j’ai critiqué le bestiaire peu varié, force est de constater que les boss, eux, sont un véritable plaisir à affronter. Dans un style étrangement proche du shoot’em up, la plupart d’entre eux ont des tactiques à base de tirs de petites boules rouge qu’il faut esquiver ou bloquer pour ensuite attaquer le point faible. Difficile à décrire, ces affrontements sont vraiment inspirés et plaisants à jouer même les plus incongrus (oui, je parle de toi, boss qui est formé de blocs cubiques).

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Comme ça on illustre un peu l’aspect « Shoot’em up » du titre.

Au final, Nier est donc plutôt plaisant à jouer et ce malgré ses nombreuses tares. Je n’ai pas parlé des quêtes annexes (il y en a 70) mais, elles aussi sont médiocres et ne constituent que des missions Fedex obligeant le joueur, encore une fois, à faire des allers-retours. Je ne peux que vous conseiller de les ignorer.

En réalité, le jeu est même tellement plaisant que ça ne m’a pas posé de souci de faire un second run. Eh oui, Nier est un titre qui doit être fait au moins deux fois si vous voulez apprécier le scénario à sa juste valeur. Scénario qui ne m’a jamais totalement convaincu d’ailleurs. Oui, je sais, il est difficile d’imaginer que ma conclusion sera positive avec tant d’éléments qui me déplaisent. Disons, que dans ses grandes lignes, l’histoire de Nier est au mieux classique. Le monde de Nier est un univers post-apocalyptique mais avec des allures médiévales. Dans ce monde, un virus mortel se répand parmi les quelques humains restants. L’une des personnes touchée par cette maladie est Yonah, la fille de Nier, notre fille. La première partie du jeu consistera donc à lui trouver un remède et la deuxième…eh bien, on va éviter de spoiler. Tout ça est finalement très quelconque : un père qui veut sauver sa fille par tous les moyens possibles, en défonçant tout sur son passage. Fille dont le joueur se fiche pas mal d’ailleurs, vu le peu d’interaction qu’il a avec.

Heureusement, autour de cette histoire, se trouvent des personnages secondaires absolument fantastiques. Durant son périple, Nier va faire des rencontres atypiques qui se joindront à lui et c’est ça qui m’a le plus surpris avec le titre, Nier est un jeu très drôle. Ça commence avec la rencontre de Weiss, un grimoire parlant qui va nous fournir l’habileté de pouvoir utiliser la magie. Avec sa voix proche d’un Alan Rickman, son vocabulaire fourni et son mépris des autres, ce grimoire est juste génial, en particulier face aux autres personnages tels que Nier lui-même étant bourrin et pas très malin.

Et puis bien sûr, il y a Kainé. Jeune fille au design absolument dégueulasse qui se rattrape par son comportement à l’extrême opposé de Weiss. Elle ne fait que jurer, taper, et gueuler. C’est assez étonnant pour un titre Japonais. Mais du coup, les dialogues entre Weiss et Kainé sont fantastiques et m’ont décroché de bons sourires plus d’une fois. Enfin, il y a Emil qui arrive plus tardivement et qui lui est un garçon plus posé, plus innocent, mais attachant tout de même. D’autres protagonistes ont aussi leur importance, y compris chez les antagonistes mais je n’en parlerais pas ici.

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Les attaques magiques sont complètement cheatées.

Malgré tout, pourquoi faire un second run ? Eh bien, c’est important car, si cette deuxième traversée ne change en rien l’histoire que l’on vient de vivre, elle rajoute quelques cinématiques et quelques détails concernant certains personnages. Certains éléments auraient pu être présent directement dans la première aventure mais très honnêtement, d’autres sont pensés pour être vu uniquement dans ce second run. Sans trop en dire, en plus d’avoir une fin différente, refaire le titre une deuxième fois donnera au joueur un sentiment amer et l’épopée aura un aspect inéluctable intéressant et parfois émouvant.

De plus, en finissant Nier une première fois, il suffit ensuite de recharger notre partie pour démarrer ce second run qui a tout de même l’intelligence de nous faire démarrer au milieu de l’histoire principale. On ne se retape donc pas tout de A à Z. Ça rend la chose bien moins contraignante. D’autant plus que notre héros garde son niveau, ses compétences et les armes qu’il possédait en terminant la première partie.

Je dirais donc que cette deuxième partie, en plus d’être relativement courte, est nécessaire pour voir un autre aspect de l’histoire. Le fait est par contre que Nier possède aussi une troisième et une quatrième fin demandant donc au joueur de finir quatre fois le titre et cette fois-ci avec des conditions particulières (récupérer toutes les armes, il me semble).  Pour le coup, ça devient vraiment trop contraignant et j’ai préféré voir ces deux autres fins via Youtube. C’est dommage, la quatrième fin étant extrêmement osée.

Que dire de plus sur Nier ? On peut mentionner les musiques absolument magnifiques qui s’amusent à s’inspirer d’intonations de diverses cultures. Et puis, voilà… En fait, Nier, c’est un jeu particulier. En prenant chaque aspect de mon avis et d’un point de vue purement objectif, c’est un titre assez moyen. Seulement, il ne laisse pas indifférent. Sans être difficile, la volonté d’écrire sur Nier était une erreur, car toutes les lignes précédentes me paraissent assez froides. Une liste de ce qui va et de ce qui ne va pas dans le jeu, et oui, clairement, c’est un jeu bourré de défauts mais aussi bourré de qualité, c’est facile à lister. Mais quand il s’agit d’expliquer pourquoi Nier est un jeu terriblement attachant, je suis dans l’impasse. Parce que je ne suis même pas sûr de connaître moi-même les raisons. Toujours est-il que j’ai terminé le jeu une première fois en moins de trois jours. Et que c’est sans même me forcer que j’ai fini ma seconde partie en une après-midi.

En tout cas, maintenant, je suis hypé pour Nier Automata et encore plus quand je sais que Platinum Games s’en occupe. Dirigé par ce studio, le gameplay qui ici était très amusant, pourrait devenir absolument jouissif. Reste à savoir s’ils réussiront ou non à garder ce petit truc inexplicable qui rendait le premier épisode aussi attachant.

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7 commentaires sur “J’ai fini Nier et j’ai des choses à dire !

  1. Il a quelque chose à nous dire mais il le fait mieux que Julien Chieze ma parole !

    Je m’en vais écouter la musique le reste de la BO de ce jeu, car j’ai énormément aimé « Shadowlord’s Castle Roar » !

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  2. Alala, mais la 4eme fin, elle se vit, faut pas la regarder sur youtube :p Et si je me souviens bien, arrivé devant le boss pour le 3eme run, tu peux sauvegarder, de manière a éviter de devoir faire un 4eme run pour voir la dernière fin.

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    1. Ah ? Je ne savais pas. Mais même, sorti de deux runs, je n’avais vraiment pas la foi de le refaire une troisième fois, même en sachant que ce n’est pas très long.

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  3. J’ai regardé le gameplay de Nier, mais je ne m’y suis pas intéressé plus que ça. Il faut dire qu’à l’époque de sa sortie, il y avait plein de gros titres qui étaient plus attendus.

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